Castor et Pollux, le triomphe de Christophe Rousset à Toulouse

Christophe Rousset restitue à Rameau la splendeur du drame et de l’orchestre avec une distribution de belle tenue. Seule une mise en scène contestable vient ternir notre plaisir durant cette soirée.
La réussite de cette nouvelle production, venue du théâtre an der Wien repose essentiellement sur les épaules de Christophe Rousset; c’est lui qui avec ses Talens Lyriques fait resplendir l’écriture de Rameau, donne le ton au drame et magnifie les nombreux intermèdes orchestraux. L’orchestre est au mieux de sa forme et captive tout au long de la soirée. Il porte une distribution de qualité, inévitablement inégale mais avec au moins un dénominateur commun à tous les chanteurs, l’intelligibilité qui rend justice au livret de Pierre-Joseph Bernard et permet de se passer des surtitres pourtant présents. Si l’émouvant Castor d’Antonio Figueroa l’emporte sur le Pollux à la voix manquant d’ampleur d’Aimery Lefèvre, bien peu princier, et si le Jupiter d’Ashton Burton a plus de prestance que de coffre, on salue la part féminine de la distribution : véhémence de la Phébé de Gaëlle Arquez et surtout incarnation saisissante et touchante d’Hélène Guilmette en Télaïre. L’air sublime de l’acte II « tristes apprêts, pâles flambeaux » arrache des larmes et…un tonnerre d’applaudissements mérités. Dommage que la mise en scène volontiers compliquée sinon confuse de Mariame Clément ne soit pas à la hauteur du drame.
Dans un décor unique, un grand escalier d’une sombre maison 19° siècle menant à une double porte qui s’ouvre sur le bureau de Jupiter, les personnages évoluent dans des costumes très années 50, environnés par leurs doubles enfants et adolescents, ce qui finit par brouiller la lisibilité de l’action. Les intermèdes dansés renoncent à toute chorégraphie pour de statiques irruptions des domestiques en habit. On se croirait dans « Donwnton Abbey ». Si cette transposition fonctionne assez bien dans les trois premiers actes, en revanche l’acte des enfers est vraiment trop décalé avec le cadavre de Castor sur une table de morgue et l’involontaire comique de son ultime échange de vêtements avec Pollux qui suscite quelques rires des spectateurs… Quant aux ultimes funérailles de Castor pendant la conclusion de l’opéra, elles sont en contradiction totale avec le livret ; dommage.
Si l’on passe outre cette surabondance d’intentions pas toujours adaptées de la mise en scène, la réussite orchestrale et vocale suffit à elle seule à faire de cette production un succès mérité.
Crédits photographiques : Antonio Figueroa (Castor), Sergey Romanovsky, Aimery Lefèvre (Pollux), Hélène Guilmette (Télaïre), Hasnaa Bennani (Uns Suivante); Hélène Guilmette (Télaïre), Gaëlle Arquez (Phébé) : Crédit Patrice Nin



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